La métropole de Bordeaux avance encore un peu plus sur son projet de métro. En rendant public son tracé, elle estime son coût à 2,5 milliards d’euros
On croyait le métro bordelais enterré après la prise de position du maire contre le projet, lors de la cérémonie des vœux en début d’année, avançant un sous-sol peu adapté à ce type de travaux. Le débat d’ailleurs n’est pas nouveau puisque la métropole a longtemps été tentée de construire un Val, fortement soutenu par l’ancien maire Jacques Chaban-Delmas. Mais tout est remis en cause par son successeur Alain Juppé au début des années 2000, qui opte définitivement pour le tramway, construit d’emblée sur trois lignes avec les crédits provisionnés pour le métro. Aujourd’hui, le réseau compte quatre lignes développées sur onze terminus, bientôt réorganisées en six lignes pour plus de simplicité.
Pourtant, le projet de métro est relancé, du moins sur le papier, avec une série d’études et un tracé validé en conseil métropolitain. On pourrait s’interroger sur l’intérêt de construire un réseau supplémentaire, si les élus ne pointaient des surcharges et des saturations importantes sur les lignes existantes.
L’idée serait donc de créer une nouvelle ligne en forme de S, qui viendrait irriguer la métropole en desservant six communes, de Saige au sud-ouest jusqu’à La Butinière au nord-est en passant par la gare Saint-Jean. L’essentiel serait construit en tunnel, seules les sections terminales comportant des viaducs. Une quinzaine de stations serait prévue, certaines en correspondance avec le réseau de trams comme à Béthanie, Victoire ou Hôpital Pellegrin, en plus bien sûr de Gare Saint-Jean. Reste que, pour s’adapter aux particularités du sous-sol bordelais, cette ligne devrait être construite à grande profondeur, aux alentours de 30 m, sous la forme non pas d’un monotube (comme pour les métros classiques), mais de deux tubes accolés où les stations seraient établies au centre. Un système qui rappelle, (toutes proportions gardées)… le tunnel sous la Manche. Logiquement, la facture est salée, 2,5 milliards d’euros, coût estimé en phase préliminaire, bien avant les premiers coups de pioche. A cela, il faudra ajouter le système de métro, et le matériel roulant. Rien de très rassurant, d’autant qu’aucunes précisions n’ont encore été apportées sur le type de transport envisagé, à gabarit large ou réduit de type VAL, ni sur la capacité souhaitée, avec bien sûr un impact sur les coûts d’établissement. Ces 2,5 Md€ pourraient bien ne constituer que la fourchette (très) basse de ce métro, alors qu’il ne viendrait qu’en renfort du réseau existant. De quoi laisser à penser qu’il existe probablement d’autres solutions, SERM, augmentations de capacité du tram… plus adaptées et surtout moins onéreuses.
Philippe-Enrico Attal