Le grand jeu de chaises musicales, annoncé puis démenti, fantasmé puis enterré, vient de ressurgir au grand jour avec une brutalité qui laisse le monde des mobilités et des services publics sous le choc. Marie-Ange Debon, écartée de Keolis est envoyée à La Poste. Dans le même souffle, Jean Castex quitte la RATP pour s’installer aux commandes de la SNCF.
C’est un scénario que Mobily-Cités avait déjà révélé au printemps, en exclusivité. À l’époque, l’ancien Premier ministre, vent debout, main sur le cœur, avait balayé l’hypothèse d’une telle mutation, jurant qu’il resterait fidèle à la régie parisienne. Quelques mois plus tard, la réalité rattrape les dénégations. Ce qui n’était qu’une rumeur savamment distillée devient aujourd’hui un fait accompli : l’homme du métro prend le train.
Pour Marie-Ange Debon, l’arrivée à La Poste après son départ forcé de Keolis, filiale du groupe SNCF, se retrouve désormais à la tête d’un autre mastodonte, pilier du service public et acteur incontournable de la logistique française. Son profil de gestionnaire rompue aux équilibres politiques et aux négociations sociales promet d’être mis à rude épreuve dans un groupe confronté à la baisse continue du courrier et à la montée en puissance du colis.
Quant à Jean Castex, son parachutage à la SNCF est une surprise d’autant plus éclatante que l’homme avait fermement nié cette perspective il y a quelques mois. En prenant la suite de Jean-Pierre Farandou, il s’installe au cœur d’une maison ferroviaire en pleine mutation, secouée par l’ouverture à la concurrence, l’inflation des coûts, la gronde sociale et l’interminable débat sur les financements publics. Ses adversaires lui reprochent déjà ses largesses salariales à la RATP, peu compatibles, selon eux, avec l’état des finances de la SNCF.
Dans les couloirs du pouvoir, on évoque un « mercato des patrons » qui s’éternisait et qui devait bien finir par trancher. Les annonces officielles, longtemps repoussées, tombent comme des couperets. À Paris, dans les directions générales et les syndicats, c’est la stupeur mêlée de crispation. Le sentiment domine que les promesses ont volé en éclats, et que les grands équilibres institutionnels vont devoir être réinventés.
Le scoop sorti par Mobily-Cités prend aujourd’hui des allures de prophétie. L’information confidentielle se vérifie dans une redistribution des cartes sans précédent. Debon au courrier, Castex au rail : la valse des réseaux est lancée. Et déjà une question brûle toutes les lèvres : qui pour prendre la tête de la RATP laissée vacante par Castex ?
Pierre Lancien