Soulagée par le montant proposé par l’Etat pour le volet Mobilités du CPER 2023-27, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, se félicite aussi que le projet de ligne nouvelle Paris-Normandie ne soit pas inclus dans l’enveloppe. Avec les 3 Md€ venant de l’Etat, ajoutés aux 6 Md€ déjà annoncés par la Région, on approche les 10 Md€ souhaités par les élus locaux. L’Ile-de-France capte ainsi la part du lion sur le total de 8,6 Md€ dédié aux volets mobilité des CPER. Un poids que Valérie Pécresse justifie par les «charges de centralités» assumées par la région capitale : «Quand on rénove les voies du RER D ou du RER B, les travaux profitent aussi à une partie des trains intercités qui les empruntent eux aussi pour rejoindre les gares parisiennes». La présidente d’Ile-de-France Mobilités reste toutefois soucieuse au sujet de l’évolution des coûts d’exploitation du réseau francilien. Il manque en effet 800 M€ pour le budget de fonctionnement 2024, qui verra notamment la mise en service des prolongements des lignes de métro 11 et la 14, ainsi que de plusieurs lignes de tramway. Les négociations avec l’Etat sont en cours, afin de dégager des pistes de financement pérennes pour Ile-de-France Mobilités, dont le réseau va doubler de taille dans les 10 ans à venir.
En dehors de l’Ile-de-France, les autres régions considèrent que la proposition de l’Etat sur le volet mobilité des CPER n’est «pas dans son montant, dans son calendrier et dans son ampleur, pour atteindre les objectifs de la transition écologique sur lesquels la France s’est engagée». «Les Régions attendent de l’Etat une mobilisation beaucoup plus puissante, non seulement sur les études mais également sur les travaux dans les infrastructures, pour espérer produire un choc d’offres en faveur du train et des mobilités décarbonées. Nous devons aller plus vite désormais», a déclaré Carole Delga, présidente de l’Occitanie et de l’association Régions de France.
Les régions ont fait leurs comptes, et rappellent que le volet mobilités des CPER est présenté par le Gouvernement comme la première étape du Plan d’avenir pour les transports dévoilé en févier par la Première ministre, Elisabeth Borne, et doté en principe de 100 Md€. Après 7,1Md€ pour le CPER 2015-2020 puis de 1,7Md€ en 2021-2022, se sont été ajoutés 2,9Md€ dans le cadre du plan de relance et de la loi d’orientation des mobilités, soit un total de 11,7Md€ sur la période 2015-2022 (1,45Md€/an). En comparaison, les 8,6Md€ d’engagements de l’Etat pour les cinq prochaines années représentent 250 M€ supplémentaires par an. Loin des 28,9 Md€ préconisés par le Comité d’orientation des infrastructures, qui estimait le besoin global de financements à 84,3 Md€ pour la période 2023-2027, estiment les Régions. «Le Plan d’avenir pour les transports est déjà en retard sur ses objectifs», concluent-elles.
Pour Franck Leroy, président de Grand Est et président de la Commission Transports de régions de France, «la hausse annoncée par le Gouvernement contribuera d’abord à entamer un rattrapage du retard, à débuter les études sur le développement des services express régionaux métropolitains et à prendre de nouvelles initiatives en faveur du vélo, de l’accessibilité, du fret et des ports. Il s’agit d’une avancée, mais elle est encore insuffisante».
S. G.