Trois mois d’arrêt, voire davantage. Après un incident survenu le 3 janvier sur une rame de la ligne b du métro de Rennes, l’exploitation est suspendue, le temps de remédier au problème. L’analyse technique a montré qu’une pièce mécanique située sur l’un des quatre bogies qui équipent la rame était cassée. Une expertise technique pour en déterminer la cause est en cours. Un peu plus d’un an après sa mise en service, la ligne doit donc s’arrêter pendant que le constructeur va remplacer une centaine de pièces au total sur les 25 rames.
S’agit-il d’un défaut de jeunesse de ce nouveau matériel Cityval de Siemens, qui équipe également l’aéroport de Bangkok, et bientôt celui de Francfort? La résolution du problème est cruciale pour l’industriel allemand, qui avait présenté ce métro léger comme un «concentré d’innovation» conçu pour les villes moyennes à l’instar de Rennes, qui a choisi cette solution vingt ans après avoir lancé sa première ligne de VAL.
Initialement prévue pour 2020, la mise en service de la ligne b du métro rennais avait été retardée de deux ans, en partie en raison des difficultés liées à la crise sanitaire, mais aussi au déploiement de la nouvelle technologie qui équipe le Cityval, muni de pneus et d’un rail de guidage central, et circulant sur une voie béton. Cette innovation avait d’ailleurs nécessité la mise au point, par le Cerema, d’une méthodologie spécifique pour les tests d’adhérence et d’usure. Le système de guidage avait été mis en cause lors d’une panne précédente survenue à l’automne, notamment du fait de l’usure des galets en contact avec le rail central. Un incident à la suite duquel le service avait été interrompu pendant plus d’un mois. Si l’hypothèse du galet défaillant semble toutefois écartée désormais, la situation n’est pas rétablie pour autant.
La reprise de l’exploitation ne devrait pas intervenir avant le printemps, sur cette ligne qui transportait plus de 100.000 voyageurs par jour. D’ici là, des bus de substitution vont être mis en circulation sur le réseau urbain Star, opéré par Keolis, mais il faudra patienter quelques semaines, le temps de réorganiser les autres lignes et les plannings des conducteurs. «Nous travaillons sur une refonte plus profonde de notre plan de transport qui sera mise en place d’ici un mois. Cette nouvelle production va surement nécessiter quelques moyens supplémentaires. Des agents du métro et des contrôleurs qui ont le permis D vont être sollicités pour prêter main forte aux conducteurs. Côté matériel, l’arrivée des bus électriques qui était programmée en ce début d’année va nous permettre d’assumer ce renfort d’offre», indique-t-on chez Keolis Rennes. L’opérateur va donc devoir mener de front le déploiement de près de 100 bus électriques, la réorganisation du réseau de bus et les renforts liés à l’arrêt de la ligne b.
Sandrine Garnier