Renaud Muselier
Renaud Muselier
Président de la Région Sud

« L’ouverture à la concurrence des TER, une liberté assumée »

Mobily-Cités : pourquoi avoir décidé d’ouvrir les TER à la concurrence en Région Sud ?

Renaud Muselier : Depuis plus de quarante ans, les collectivités locales organisent les transports publics du quotidien – bus, métros, tramways, cars scolaires –, mais jusqu’à récemment, les régions n’avaient pas la liberté de choisir leurs opérateurs ferroviaires. Elles étaient contraintes de travailler exclusivement avec la SNCF, sans possibilité de mise en concurrence, ce qui limitait notre capacité d’action. Avec la loi du 27 juin 2018, nous avons enfin obtenu la liberté de choisir nos exploitants par appel d’offres, et nous avons été les premiers à saisir cette opportunité.

Mobily-Cités : Quel était l’état du service ferroviaire régional avant cette ouverture ?

Renaud Muselier : En 2016, la situation était catastrophique : nous avions le pire service de France, avec un train sur quatre annulé et un sur dix supprimé. Il était temps de renverser la table et d’offrir un service à la hauteur des attentes des citoyens. Nos concitoyens veulent plus de trains, plus de fiabilité, plus de confort, et nous devons leur en donner les moyens.

Mobily-Cités : Concrètement, en quoi l’ouverture à la concurrence va-t-elle améliorer le service pour les voyageurs ?

Renaud Muselier : Un monopole ne stimule ni l’innovation ni l’efficacité. En mettant les opérateurs en concurrence, nous pouvons moderniser notre réseau ferroviaire, créer de nouveaux sites de maintenance, acquérir des trains neufs et rénover le matériel existant, tout cela sans surcoût pour la collectivité. Dès juin 2025, l’ouverture du service TER entre Marseille, Toulon et Nice permettra de doubler l’offre, avec un train par heure et un engagement de régularité à 97 %.

Mobily-Cités : Certains syndicats craignent que cette réforme se fasse au détriment des cheminots. Que leur répondez-vous ?

Renaud Muselier : Ces craintes ne sont pas fondées. Aucun emploi n’a été supprimé, les statuts sont préservés et les savoir-faire sauvegardés. Mieux encore, l’ouverture à la concurrence crée des emplois et permet un outil de travail totalement rénové. Il ne s’agit pas d’une dérégulation à l’anglaise, mais d’un modèle strictement encadré, garantissant un service public de qualité, avec des obligations précises et des sanctions en cas de défaillance.

Mobily-Cités : Pensez-vous que cette dynamique va se poursuivre au-delà de 2025 ?

Renaud Muselier : Absolument. Depuis le 15 décembre 2024, un premier train sous ce nouveau modèle circule déjà entre Cannes, Nice et Menton, avec une fréquence inédite : un train toutes les 15 minutes en journée, jusqu’à 2h du matin en été. Le 29 juin 2025, Marseille, Toulon et Nice suivront avec une offre doublée. Et d’ici 2030, l’ensemble du réseau TER de la Région Sud sera ouvert à la concurrence.

Mobily-Cités : Quel est votre objectif final avec cette réforme ?

Renaud Muselier : Notre ambition est claire : offrir aux voyageurs un service public ferroviaire plus performant, plus moderne et plus attractif. L’ouverture à la concurrence, c’est tout bénéfice pour les voyageurs et les collectivités, sans impact négatif pour les cheminots. Notre seule boussole, c’est mettre le train au service des citoyens, et non l’inverse.

Propos recueillis par Pierre Lancien

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