La coopérative ferroviaire remanie son état-major. Elle vient de créer un poste de directeur exécutif qui sera confié à un spécialiste de la gestion d’entreprise en phase de transition, Matthieu Aublant, passé chez Bouygues, Vinci et Engie. «Il sera en charge de la conduite de Railcoop tandis que Nicolas Debaisieux, va se recentrer sur les relations publiques et la stratégie», explique une porte-parole. Ce dernier reste directeur général.
Ce remaniement fait suite au récent départ d’Alexandra Debaisieux, cofondatrice avec son frère de la société dont elle était directrice générale déléguée. Celle-ci met en avant des «raisons personnelles». Sa sortie semble surtout liée au mécontentement des sociétaires les plus influents parmi les 14.000. En cause: une forme de «népotisme», une communication «trop lénifiante» du duo face aux problèmes, sans compter des choix stratégiques peu concluants, analyse un sociétaire. Railcoop doit rendre publics ses comptes dans les prochains jours, avant son assemblée générale le 10 juin.
Certitude: l’avenir s’assombrit pour la coopérative créée en 2019 pour exploiter un réseau de trains de voyageurs sur des lignes transversales délaissées par la SNCF. Elle a décidé le 25 avril de remiser définitivement son train de fret au dépôt, lancé fin 2021 entre l’Aveyron et la Haute-Garonne. Il s’agissait, justifie la direction, de se faire la main et prouver sa maîtrise du ferroviaire avant le grand bain.
Comme redouté, cette incursion sur le marché compliqué du fret a contribué à saigner financièrement Railcoop. «Cette activité brûlait trop de cash», a admis Nicolas Debaisieux, à un niveau bien supérieur au chiffre d’affaires généré (120.000 €). Difficile en même temps de payer les salaires de la trentaine de salariés. Railcoop commence d’ailleurs à réduire la voilure avec quelques départs.
Difficile à suivre, la coopérative affirme cependant que «le développement d’un service fret ferroviaire de proximité reste une ambition majeure» et qu’elle travaille à «la reprise de cette activité à moyen terme».
Quant au cœur du projet, le train Lyon-Bordeaux, il paraît de plus en plus incertain. La coopérative qui communique auprès de ses sociétaires sur le thème d’«une nouvelle dynamique», a repoussé le démarrage commercial à l’été 2024 avec des ambitions divisées par deux. Ce sera «un aller-retour sur deux jours entre Bordeaux et Lyon (soit un aller simple par jour)», annonce-t-elle.
D’ici là, elle cherche 4,1 M€ pour se préparer, rénovation des deux rames d’occasion comprise. Face au scepticisme des banques ou d’investisseurs institutionnels, Railcoop se raccroche à la bonne volonté de petits porteurs croyant à l’aventure pour qu’ils mettent au pot.
Marc Fressoz