Dans les Hauts-de-France, la Société du Grand Paris (SGP) et SNCF Réseau vont vivre leur première cohabitation autour du projet de RER métropolitain de Lille. La construction d’un barreau ferroviaire pour raccrocher Hénin-Beaumont à Lille en constitue le plat de résistance. Des investissements sur ou à proximité des voies du réseau existant sont également programmés. Une étape préliminaire, le 28 juin, a consisté à missionner les deux établissements publics pour «proposer la nouvelle gouvernance du projet de service express régional métropolitain de l’étoile ferroviaire lilloise».
Le nombre de signataires du communiqué annonçant la nouvelle donne une idée de la lourdeur de la gouvernance à régler: on trouve l’État, la région Hauts-de-France, la Métropole européenne de Lille et bien sûr SNCF Réseau et la SGP qui, en vertu de loi Zulesi sur les TER métropolitains en cours d’adoption, sera rebaptisée Société des Grand Projets. Les acteurs ne dissipent pas le flou quant à l’articulation entre la SGP et SNCF Réseau, mais on comprend que la future société de projet, un groupement d’intérêt public (GIP) associant les diverses parties, calquera le modèle et les compétences du chef d’orchestre du super métro parisien, autorisé à créer des filiales en province.
La structure devra assurer la «maîtrise d’ouvrage politique» du projet et faciliter la prise de décision par les partenaires, chapeauter la concertation et «coordonner les actions des maîtres d’ouvrage techniques du projet». Les compétences de la SGP en matière financière seront également mobilisées. «L’idée est de mutualiser les dettes, car il est plus intéressant de lever 1 Md€ pour les différents projets de service métropolitains en France que dix fois 100 M€», explique l’établissement public.
Hormis l’expérience pilote de Strasbourg, «le RER métropolitain lillois est le plus avancé, retrace un acteur. Les discussions ont commencé après un déplacement du Président de la République à Hénin-Beaumont lors du précédent quinquennat, où il avait évoqué l’idée que la SGP sorte de ses frontières géographiques.»
Marc Fressoz